Mardi 19 juillet 2016. Trajet de nuit Cusco-Puno et découverte de Puno.
Après seulement 6h de bus (notre plus court trajet de nuit, beaucoup trop court !), nous arrivons vers 4h30 du matin à Puno… A vrai dire, nous aurions préféré prendre un bus de jour mais celui du mercredi matin était complet. Que faire quand on arrive si tôt dans une gare ? Attendre que le jour se lève… Vers 6h45, nous prenons donc un taxi en direction de notre hôtel et pour notre plus grand bonheur, la chambre est presque prête. Miss V décide alors de faire une petite sieste (ou plutôt de continuer sa nuit) avant de partir à la découverte de Puno et de grappiller quelques informations concernant les transports pour les îles du lac Titicaca.
Puno est avant tout une ville-étape permettant d’accéder au Lac Titicaca. Il n’y a en réalité quasiment rien à voir à Puno, à part la Plaza de Armas et sa Cathédrale, dont la façade mêle des éléments catholiques et incas. Nous nous sommes amusés à essayer de trouver les éléments incas, comme la Lune, un diable, un puma, etc. Seul le Soleil nous a échappé. Nous le cherchons encore…sur base des photos 😉
Nous partons ensuite à la recherche d’informations sur les transports menant aux îles du lac Titicaca. Pas question de passer par une agence car elles font pression sur les familles du lac pour obtenir des prix très bas, prennent une énorme commission et donne donc très peu aux communautés des îles du Lac Titicaca. Et on a plus de chance de se retrouver avec des spaghettis bolognaises que des plats typiques de l’île. Non merci, ce n’est pas pour nous ! Nous, nous voulons prendre un bateau-collectivo géré par une communauté et payer nous-mêmes directement le logement aux familles. Pour cela, il faut éviter les rabatteurs et se rendre à un des guichets de l’embarcadère. Nous nous rendons tout de suite compte que nous ne nous faisons pas arnaqués : ce sont bien des locaux des îles, tellement ils sont choux. Vraiment trop gentils ! Mais attention, même en prenant le bateau-collectivo, il n’y a pas de choix dans les horaires ni dans les compagnies. Nous voulons visiter 3 îles (Uros, Amantani et Taquile) en 2 jours ; pour cela, il n’y a qu’une seule compagnie, qui part entre 8h et 8h20. Pour visiter seulement Amantani et Taquile, c’est une autre compagnie. Et pour aller seulement aux îles Uros, c’est encore une autre compagnie…
Nous faisons ensuite un petit tour à travers le marché artisanal. Voici nos achats du jour : deux nouveaux compagnons de voyage (deux petits lamas), une paire de gants en laine doublés pour Miss V, une paire de gants en alpaga pour Mister J et des chaussettes en laine pour Miss V. Il peut faire très froid la nuit sur la lac Titicaca ; autant bien s’équiper pour ne pas attraper la crève.
Par ailleurs, c’est à Puno que nous croisons les premières péruviennes portant des pompons en laine d’alpaga, lama ou vigogne au bout de leurs tresses.
A midi, nous nous rendons dans un chifa (çàd un restaurant chinois) très fréquenté par les locaux. Pas mauvais, surtout pour le prix !
Le soir, nous mangeons notre première truite grillée du lac Titicaca. Un régal !
Mercredi 20 juillet 2016. Visite des îles Uros et Amantani sur le lac Titicaca.
Après avoir laissé nos gros sacs à l’hôtel et pris le strict minimum dans nos petits sacs à dos, nous prenons la direction de l’embarcadère. Nous y achetons notre ticket le matin même. Visiter les îles Uros et dormir sur l’ile Amantani est un grand classique mais la grosse majorité des touristes passe malheureusement par une agence. Nous ne sommes que 13 aujourd’hui à opter pour le collectivo : un couple de Français, une maman autrichienne et ses deux grands garçons, un couple de Mexicains, une Hollandaise et 3 Chiliennes. Comme prévu, le collectivo part vers 8h20 ; notre capitaine vient de l’île d’Amantani et connait donc très bien le Lac Titicaca.
Situé à 3810 d’altitude, le Lac Titicaca est le plus haut lac navigable du monde. Sa formation est très étonnante : il s’agit d’une lagune qui est montée en altitude avec la formation des Andes. Il est non seulement très élevé mais est aussi immense : 15 fois le lac Léman (en Suisse) ! 55% du lac appartiennent au Pérou tandis que les 45% restants appartiennent à la Bolivie. Pour terminer la petite histoire, « Titi » signifie « Puma » en langue aymara et « caca » signifie « gris ».
Après 30 minutes de trajet, nous arrivons aux îles Uros, une 90aine d’îles flottantes construites entièrement en roseaux. Ces îles font partie d’une communauté qui vise à répartir équitablement l’afflux de touristes sur les îles. Le choix de l’île se fait selon une rotation, on ne choisit donc pas son île. Nous atterrissons sur une toute petite île composée de 4 maisons (4 familles) seulement, une cuisine, un mirador et une barque en roseau. Ouf, nous avions peur d’arriver sur une île ultra touristique ! Cela fait bizarre de déposer le pied sur cette île flottante : on s’enfonce à chaque pas et on se demande si on ne va pas traverser les roseaux. Finalement, cela paraît solide. El Señor Presidente de notre île nous accueille et nous explique comment ils construisent les îles flottantes. A la saison des pluies, les roseaux arrachent des pans de terre et se mettent à flotter et dériver sur le lac. Les habitants rassemblent alors ces pans de terre (15 pans pour une petite île comme la nôtre), en coupent les roseaux et forment ainsi la base de l’île. Sur cette base, ils étalent alors des roseaux sur un mètre de hauteur en disposant les différentes couches en croix (la première couche verticale, la deuxième horizontale et ainsi de suite). Pour finir, il ne faut pas oublier d’ancrer l’île à un ou plusieurs poteaux pour ne pas se réveiller un matin de l’autre côté du Lac ! La durée de vie d’une île est de 40-50 ans. Chaque île flottante est dotée d’un Président, qui veille sur l’île, pendant que les autres hommes pêchent ou conduisent les bateaux de touristes. Les femmes, elles, s’occupent de la cuisine et de l’artisanat. Pour les enfants, il y a une école primaire sur une des îles Uros mais après, ils doivent aller étudier à Puno.
Les habitants des îles Uros ne parlent pas quechua mais aymara (langue bolivienne) car à l’origine, les îles Uros se trouvaient du côté bolivien du lac. Mais les sécheresses successives entraînèrent le déplacement des bancs de poissons vers l’ouest et comme le poisson constituait la base de leur nourriture, ils les suivirent. Petit à petit, ils se retrouvèrent près de Puno.
Après une trentaine de minutes, nous partons sur l’île flottante d’en face, qui est plus grande et où il est possible de passer la nuit. Mais comme il n’y a presque rien à voir ni à faire, on risque de très vite s’ennuyer, à moins d’avoir un bon bouquin avec soi…
Nous remontons ensuite dans le bateau et après 3h d’une navigation très lente, nous atteignons l’île d’Amantani, où nous passerons la nuit. Nous sommes accueillis dès l’arrivée au port par notre hôtesse, Serafina. Amantani comporte plusieurs communautés et ici encore, ils s‘organisent selon une gestion communautaire et rotative des touristes : non seulement les capitaines et les familles d’accueil d’une même communauté tournent pour que chacun puisse profiter du tourisme mais en plus, une fois qu’une communauté a reçu un certain nombre de touristes, c’est à la communauté suivante d’accueillir les touristes.
Après nous avoir montré notre chambre à l’étage, Serafina nous emmène déjeuner : une soupe, suivie de différentes sortes de patates, du riz et une tranche de fromage grillé. Les patates viennent bien entendu tout droit du jardin. Il y en a des violettes, des blanches, des jaunes… Délicieux ! Même les rondelles de tomates sont épluchées pour que nous puissions les manger. Si ce n’est pas du luxe ! En effet, pour ceux qui ne le sauraient pas, les crudités sont à éviter dans ce genre de pays sauf si elles sont épluchées 😉 Au repas, nous ne sommes pas seuls car le couple de Mexicains a la même hôtesse que nous tandis que le couple de Français et les 3 Autrichiens sont logés par l’hôtesse d’à côté, qui est en fait la fille de Serafina. On se retrouve donc tous pour manger.
Ensuite, Serafina et sa fille tiennent à nous montrer leur artisanat. Miss V leur achète un bonnet en laine tout mignon que nous n’avons vu nulle part ailleurs. Parfait pour les soirées et matinée frisquettes !
L’après-midi, nous marchons vers le sommet de l’île, où se trouvent les ruines incas de Pachatata (càd la Terre Père, alors que Pachamama est la Terre Mère). Les ruines en soi n’ont pas de véritable intérêt mais de là-haut, la vue sur le lac et l’île est magnifique ! Nous pouvons même apercevoir les sommets enneigés boliviens ! Nous redescendons de notre perchoir avant que le spot ne soit envahi de groupes de touristes (des agences) venus assister au coucher du soleil. Merci à notre famille d’accueil de nous avoir envoyés là-haut bien plus tôt, avant toutes ces hordes de touristes ! Nous profiterons du coucher de soleil d’en bas. Bien joli aussi ! Nous nous reposons un petit peu dans notre chambre avant le repas du soir et après 30 minutes dans le noir, nous nous rendons compte que nous avons même l’électricité dans la chambre ! En effet, à certaines heures de la journée (le soir et le matin), il y a de l’électricité et l’eau courante (enfin, juste pour le robinet, pas pour la toilette, pour laquelle il faut prendre de l’eau dans une grande bassine). L’île se modernise… Nous qui venions vivre ici à la dure… 😉 Ceci dit, il n’y a pas encore possibilité de prendre une douche bien qu’un pommeau de douche ait été installé 😉
Pour le repas du soir, nous avons droit à des patates, œufs et riz. C’est certain, ce n’est pas varié ! Mais c’est bon et ça cale bien. Le repas du soir est suivi d’une fête organisée pour montrer les coutumes locales aux touristes. Notre hôte nous y emmène avec grand plaisir mais pas question d’y aller sans s’apprêter ! Nous revêtons donc des habits traditionnels avant de nous y rendre.
La musique n’est pas terrible (plus un brouhaha qu’autre chose) mais l’ambiance est très chouette : ils ne dansent pas la salsa mais font des sortes de farandoles. Très festif ! Nous avons dansé un peu puis sommes rentrés car la fatigue commençait à se faire sentir.
Jeudi 21 juillet 2016. Visite de l’île de Taquile sur le lac Titicaca.
Ce matin, au petit déjeuner, on nous sert des Panqueques. Et ils sont vraiment bons ! Nous disons ensuite au revoir à la famille, puis partons en direction de l’île de Taquile. Nos 3 repas et notre nuit chez Serafina nous ont seulement couté 45 soles par personne (soit 12€).
Après 1h de navigation, nous y sommes. L’île est encore plus jolie qu’Amantani, plus haute aussi. Nous faisons une chouette promenade jusqu’à la Plaza de Armas, qui est malheureusement envahie de touristes. Heureusement, comme ils voyagent par agence, ils visitent au pas de course et nous nous retrouvons vite seuls sur cette place. Quelle différence, quel bonheur !
Vers 10h30, nous mangeons une délicieuse truite grillée du lac Titicaca. Pourquoi si tôt ? Car nous devons repartir de l’île à 11h30 en direction de Puno, où nous arriverons vers 14h30. D’ici là, nous aurons faim…Nous dégustons cette excellente truite en compagnie d’un couple de savoyards rencontrés la veille et faisons plus ample connaissance. Ils ont passé un mois en Équateur et vont bientôt achever leur mois au Pérou, avant de rentrer en France. Ils nous expliquent aussi que quand leurs enfants avaient 8 et 13 ans, ils ont voyagé pendant un an en voilier. Les enfants suivaient alors les cours par correspondance. Ensuite, fin des années 80, ils ont fait, à deux, un tour du monde en voilier pendant 2 ans, mais tous les 6 mois, ils laissaient leur bateau dans un port et revenaient en France en avion pour voir leurs enfants. Après ce fameux voyage, ce Savoyard, qui travaillait comme ingénieur, a décidé de changer de métier : il est devenu professeur. Voici sa réflexion : « C’est bien beau de gagner beaucoup d’argent mais nous, ce que nous voulons, ce sont des vacances ! ». Et nous alors ?! 😉 Nous avons aussi beaucoup aimé la réflexion de sa femme en découvrant la cuisine de notre famille d’accueil sur l’île précédente d’Amantani : « Qu’est-ce que nous vivons dans l’opulence dans nos pays ! ». C’est clair ! Ils nous ont aussi affirmé que leur retour en France après 2 ans de voyage n’avait pas été difficile du tout. Au contraire, ils avaient plein d’énergie pour entreprendre de nouveaux projets. Génial !
Après avoir englouti cette truite, nous redescendons au port et embarquons sur le bateau pour 3h de traversée jusqu’à Puno.
De retour à Puno, nous nous rendons à pied à la gare avec le couple de Savoyards. Là, nous achetons nos tickets de bus pour le lendemain vers Copacabana en Bolivie tandis qu’eux cherchent un bus pour Arequipa au Pérou. Cela nous fait tout bizarre de les quitter ; cela ne nous était plus arrivé depuis longtemps. Pourtant, nous ne sommes restés que 2 jours avec eux. Ils nous donnent leur adresse mail pour les contacter au cas où nous passerions près de Méribel. Cela tombe bien, nous adorons skier et pensions justement aller dans ce coin-là l’année prochaine avec les M&M’c !